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ARTISTES KABYLES

 

Malika Domrane : passionaria de la chanson kabyle


 

 

 

 

 

«Je m'appelle liberté et je refuse d'obéir.» En une phrase, Malika Domrane a tout dit. C'était au Zénith, à Paris, le samedi 18 juillet. La communauté kabyle rendait hommage à son poète assassiné le 25 juin en Algérie, Lounès Matoub. Lorsque Malika Domrane évoque aujourd'hui encore la mémoire du chanteur réfractaire, l'émotion la submerge : «Nous avions le même âge, nos villages sont voisins.» Elle continue le combat.

Née le 12 mars 1956 à Tizi-Hibel, elle a toujours refusé la politique d'arabisation des autorités algériennes. «Lorsque je suis entrée au lycée, j'étais complètement perturbée. On me disait : "Tu es kabyle, tu n'es pas arabe",on m'imposait un enseignement dans une langue qui n'était pas celle dans laquelle j'avais été élevée.» Malika refuse d'être une jeune fille douce et effacée, elle cultive l'arrogance jusqu'à porter des pantalons, chante en kabyle dans une chorale, écrit ses premières chansons. Elle se distingue au Festival panafricain d'Alger en 1969 et compose, à quinze ans, le premier titre qui va la faire connaître, Tirga Temzi (Rêves d'adolescence), toujours inscrit à son répertoire aujourd'hui.

«L'adolescence est une période très belle mais aussi difficile.» Encore plus quand on n'a pas vraiment été désirée : «Un proverbe kabyle, rappelle-t-elle, dit que même les poutres de la maison pleurent à la naissance d'une fille.»

Malika Domrane se dit toujours prête à "rechuter" dans des positions extrémistes quand les hommes affichent des attitudes un peu trop machistes. Elle revendique le droit au romantisme pour les femmes, mais aussi le droit aux caresses, le droit au plaisir. Elle sème un salutaire désordre dans les mentalités. Le raï paraît parfois bien innocent à côté de ce que chante, en berbère, Malika Domrane. Ses chansons évoquent l'inceste et l'adultère (Ajedjig, La fleur du péché), la stérilité. Des mots, des idées qui la mettent en danger, elle le sait. «JE CHANTAIS, ELLES DANSAIENT»

Le 19 septembre 1994, quelques jours avant l'enlèvement de Lounès Matoub, attribué au GIA (Groupe islamique armé), et l'assassinat à Oran de Cheb Hasni, l'un des chanteurs les plus populaires de la chanson raï, elle a dû fuir l'Algérie, laissant derrière elle ses enfants. Ceux-ci viennent seulement de pouvoir la rejoindre en France début décembre 1998. «J'ai failli sombrer, se souvient-elle. Lorsque je voyais une mère dans la rue, avec un bébé, je la suivais, bouleversée.»

Sa force pour se maintenir à flot ? Celle que lui ont donnée, huit années durant, les femmes dont elle s'est occupée lorsqu'elle était infirmière à l'hôpital psychiatrique de Tizi-Ouzou. «Elles m'ont donné énormément. Elles me racontaient tout. Tout ce qu'on cache, elles, elles me le livraient, sans gêne. Elles m'ont beaucoup inspirée dans le choix des thèmes de mes chansons, m'ont appris des poèmes avec lesquels j'ai fait un recueil que j'espère faire publier un jour. Grâce à elles, je me suis imprégnée de culture berbère. En contrepartie je leur donnais des robes, des tissus...» Et puis des chansons. «Pour les faire dormir, je n'avais besoin d'aucun somnifère. Je chantais et elles, elles dansaient, entraient en transe, puis..

sombraient dans un sommeil de plomb.» Personnalité forte, Malika Domrane est aussi l'une des plus belles voix de la chanson kabyle. En concert au Cabaret sauvage, après l'ouverture des Belles nuits du ramadan du Café de la danse, elle y reprendra les thèmes qui lui sont chers. Déterminée. Même si encore aujourd'hui, trop souvent menacée, elle ne donne jamais de concert sans être accompagnée par deux gardes du corps.



 

Matoub LOUNES

 

 

Alors que la plupart des chanteurs kabyles à textes se cantonnent dans une sorte d’austérité musicale et restent souvent, à cause de cela, peu accessibles aux Européens, Lounès Matoub était de taille à captiver le public occidental grâce à son timbre rocailleux et à ses musiques nourries des fastes de la nouba. « Mais la paix renaîtra un jour / Et mes chants parmi vous célébreront à nouveau / Le printemps si cher à nos cœurs... »

Dans Lettre ouverte aux..., comme dans ses précédents albums, la beauté sonore de la langue kabyle, le charisme de son grain de voix, les notes orientalo-syncopées du mandol servent de superbe écrin à ses professions de foi tumultueuses, à ses remises en questions touchantes, à sa fragilité revendiquée... Hélas ! Lounès Matoub a chèrement payé son attachement à sa langue, à sa culture, à sa patrie, à la liberté et à l’indépendance de son pays.

Mémorial de Matoub Lounes

Maison de Matoub Lounes

Tombe Matoub Lounès

 

 

 

Slimane Azem : Biographie

 

Poète et chanteur kabyle, Slimane Azem né le 19 septembre 1918 à Agoni Ggeghran et mort à Moissac (Tarn et Garonne) le 28 janvier 1983. Slimane Azem arrive en France dès 1937 et entame une immersion précoce dans les tourments de l'exil. Sa première chanson : a Mûh a Mûh consacrée à l'émigration paraît dès le début des années 1940, elle servira de prélude à un répertoire riche et varié qui s'étend sur près d'un demi-siècle.

Du point de vue de son contenu, ce répertoire présente des ressemblances frappantes avec celui de Si Mohand, grand poète kabyle du XIXe siècle. Dans un contexte socio-historique différent, Slimane Azem a, en effet, représenté pour le XXe siècle ce que Si Mohand fut pour le siècle dernier : le témoin privilégié d'un monde qui vole en éclats, d'une société dont les assises ont été ébranlées en profondeur et dont les valeurs vacillent - même si quelquefois elles se raidissent - face à celles, implacables, du système capitaliste. Le répertoire de Slimane Azem est donc - à l'image de la société qu'il traduit - traversé en profondeur par ces bouleversements; sa thématique est, à cet égard, tout à fait significative. Sur les soixante-dix ...

chansons recensées en 1979 (cf. Slimane Azem : Izlan édité par Numidie Music) et qui composent ce répertoire, plus de la moitié sont consacrées à ce renversement de valeurs avec des titres très évocateurs Ilah ghaleb, Kulci yeqleb (p. 30) : Ô Dieu, tout est inversé Zzman tura yexxerwed (p. 38) : les temps sont, à présent, troublés Terwi tebberwi (p. 122) : tout est sens dessus-dessous.
Dans ces chansons du chaos, zik (autrefois) est fondamentalement opposé à tura (aujourd'hui). Dans cet ouragan qui déferle, rien n'échappe au tourbillon : c'est le règne du «ventre» (aàbûd p. 104) c'est-à-dire des intérêts bassement matériels, de l'argent (idrimen p. 28), de l'égoïsme, etc. au détriment de l'honneur (nnif), de la solidarité agnatique (tagmat). Cet éclatement charrie tout son cortège de maux, de misères dont : la paupérisation, l'alcool (a hafid a settâr p. 25, berka yi tissit n ccrab p. 78), etc. face à l'alcool, Slimane Azem oscille toujours, au même titre que Si Mohand, entre la transgression et le repentir.

Enfin devant la force de l'avalanche cèdent aussi les rapports entre les sexes, rempart ultime de l'édifice social, et Slimane Azem de décrire, tantôt avec humour, tantôt avec une ironie caustique, ces hommes sur lesquels les femmes arrivent à avoir de l'ascendant (lalla mergaza d win terna tmettût p. 42 : dame omelette qui est dominé(e) par sa femme).

Car ce sont bien les valeurs de la société traditionnelle que Slimane Azem défend, au besoin en évoquant Dieu à grand renfort; la dimension religieuse - sans être dominante - est incontestablement présente dans son répertoire.

Cependant, cette description d'un monde quasi apocalyptique - bien que récurrente - n’a pas l'exclusivité dans l'oeuvre de Slimane Azem; il était et il reste pour toute une génération de Kabyles - par dessus tout - le poète de l'exil : son évocation de la Kabylie, toute empreinte de pudeur, rappelle la douleur d'une plaie demeurée à vif, en témoignent des chansons comme :

d’aghrib d aberrani : exilé et étranger (p. 40)
ay afrux ifilelles : ô hirondelle, oiseau messager (p. 74)
a tamurt-iw aàzizen : ô mon pays bien-aimé (p. 126).

Propulsé dans le tourbillon du monde moderne, Slimane Azem ne s'est pas contenté de se réfugier dans le giron incertain des valeurs traditionnelles, son regard s'est ouvert grand sur le monde et nous lui devons de véritables poèmes de… politique internationale dans lesquels le ton volontiers satirique n'altère en rien l'acuité du regard : amek ara nili sustâ ? Comment pourrions-nous nous trouver bien ? (p. 64). Par ailleurs terwi tebberwi : tout est sans dessus dessous (p. 122) est dans la même veine. Il faut préciser que Slimane Azem, puisant dans le vieux patrimoine berbère, a «fait parler» les animaux, arme subtile mais à peine voilée d'une critique politique acerbe

En cela il marque une fidélité indéfectible au caractère traditionnellement contestataire de la poésie kabyle, l'une de ses dernières chansons salue avec éclat et avec un titre très évocateur : (ghef teqbaylit yuli was* : sur le Kabyle (ou la Kabylité) se lève le jour), l'émergence de la revendication culturelle berbère lors du printemps 1980.

Enfin dans ce répertoire vaste, riche et plein de nuances, se remarque une absence quasi totale de la poésie lyrique, lorsque cet aspect est effleuré, il ne l'est que par touches extrêmement discrètes; il est certain que ce silence résulte d'un choix, peut-être est-ce le tribut que le poète a consenti à payer afin de briser le tabou lié à la chanson, car on rapporte que Slimane Azem avait le souci d'interpeller les siens au moyen de chansons qui pouvaient être écoutées «en famille», c'est-à-dire en tous points conformes aux règles de la bienséance.

 

Takfarinas


Membre de la quatrième génération d'une famille berbèrede musiciens, Takfarinas grandit à Tiksraine dans la proche banlieue d'Alger. Vers l'age de six ans il se fabrique une guitare avec un bidon d'huile de voiture et des cables de freins de vélo. Très tôt il s'interesse aux artistes du monde de la chanson citadine ,parmi lesquels El hadj m'hamed el anka, le maitre Kabyle du chaabi Algerois , Cheikh El hasnaoui le chantre de l'amour ,Slimane Azem le poete fabuliste Ahmed Saber l'enfant terrible de l'ouest Algerien.

Après un premier prix obtenu à la radio Algerienne . il reçoit à seize ans une vraie guitare des mains de son père qui l'encourage à réaliser sa passion artistique! Il enregistre son premier album en france en 1979. Une voix timbrée au registre large, impose un style personnel ,et lui permet d'explorer plusieurs facettes de la créativité musicale. Dans ses paroles au verbe Kabyle pur se glissent des onomatopées, des cris, des appels "organisés" qui fondent un genre à lui,qu'il appelle YAL. Son mandole à deux manches dont il joue de façon magistrale, autorise une tonalité à deux couleurs : masculine et feminine, caractéristique de la musique traditionnelle berbère. En 1986 son double album weithelha (qu'elle est ...

belle) et arrach (les jeunes) se vend à près de deux millions d'exemplaires . il est le seul après Idir à avoir ses chansons adaptées en arabe par d'autres .
Son succès commercial, ses concerts accompagnés par un ballet feminin de danse moderne et ses shows télévisés en font une star et drainent un public nombreux dans les stades. En 1994 son album "Romane" est classé 4eme du hit parade des World Music Europe Charts. En musique, Takfarinas utilise parfois des envolées de Canté Jando Algeriannisée. Des transpositions à l'octave, caracteristiques du Gospel Afro Americain, des citations parlé-chanté sur deux notes etc..

Après Romane (1994) et Salamet (1996), TAK revient en force avec un aélbum sublime Zaama zaama . certainement l'album le plus abouti. Takfarinas joue avec mandol électrique demi caisse à double manche pour varier les sonorités.
Dans cet album zaama zaama Il est accompagné par plusieurs musiciens du groupe Sixun dont Michel Alibo, Louis Winsberg, Karim Ziad...

A l'instar de la majorité des artistes Kabyle TAK est un chanteur engagé Son répertoire aborde des thèmes tels que la crise économique, la malvie de la jeunesse Algerienne resultat de la mauvaise gestion du pays depuis des decennies.
Tak chante aussi l'amour, avec beaucoup de franchise et de talent.

 

Rabah Asma

 

Rabah Asma, Alnim (Globe Music/Blue Silver). Tandis que Cheb Mami publie le single Au pays des merveilles (Azwaw), extrait de son CD Meli Meli, Rabah Asma, l'enfant terrible de la chanson kabyle, a fêté récemment à la Cigale la sortie de son album. Il effectue une remarquable reprise de la Carte de résidence, qu'écrivit en 1970 Slimane Azem.

Le thème et le ton de cette chanson, qui parle de la situation de l'immigré, ont gardé une actualité stupéfiante. La démarche artistique de l'album se distingue de la plupart des productions kabyles. L'ingénieur du son Éric Bono a donné à l'enregistrement un traitement original. Il y a une fraîcheur et une ouverture salutaires, conduisant, notamment, à un superbe duo avec la chanteuse mandingue Néné Souragassi.

Massa Bouchafa

 

Née en Kabylie, Massa Bouchafa est l'une star de la chanson populaire kabyle. Après une brillante carrière en Algèrie, elle s' est fait connaître en France , où son publique est de plus en plus nombreux. La musique de Massa Bouchafa composée par son mari, l'auteur-compositeur M'hend Bouchafa, est authentique. Elle chante la fête , dèfend sa culture d'origine et se produit très souvent en spectacles.

"La presse est unanime, Massa Bouchafa est la dame qui brûle les planches des salles de spectacles" TAHAR DJAOUT - Algérie - Actualités 1989. " Massa Bouchafa chante en Berbère les compositions de son mari et s'est enfuie de son pays après l'assassinat de Hasni et l'enlèvement de Matoub Lounès " B. Catherine - Le Monde 1995.
Des titres phares : 1992 : Inevgawen : " Les invités " se veut être un hymne à l'union entre toutes les communautés Algériennes (Chaouie, Touaregs, Kabyles, Chleuh, Mozabites…). C'est aussi une invitation à défendre la culture berbère et à faire sauter les barrières qui se dressent contre son épanouissement.

1996 : Mathu Fidh : " Si tu trouves " est un plaidoyer des droits et des libertés de la femme Algérienne, encore soumise au Diktat de l'homme et des lois scélérates du code de la famille.

1998 : Izayriyen : " Les Algériens ". C'est un plaidoyer pour l'union entre toutes les forces sociales et politiques du pays sans aucune exclusive. Avec un texte recherché, Massa bannit les différences et détruit les obstacles qui cassent la solidarité entre les enfants d'Algérie.

DISCOGRAPHIE Aussi riche que diversifié, la discographie de MASSA BOUCHAFA comporte plus de cinquante chansons éditées sur plusieurs supports audio et vidéos.

Des titres phares sortent bien évidemment du lot eu égard au succès immense qu'il a rencontré auprès du public. Le premier est l'incontournable chanson DDA LMULUD. Un hommage rendu à l'écrivain poète kabyle mort d'un accident de voiture MOULOUD MAMMERI MASSA résume dans un texte émouvant la profonde mélancolie ressentie par la communauté Berbère :

C'était une piètre nouvelle ;
Mettant tout les Algériens en émoi ;
Même mort, nous te faisons le serment ;
De suivre le chemin que tu nous as tracé ;
Pour parachever ton œuvre.

En 1992 MASSA enregistre un autre succès qui a eu un écho national INEBGAWEN "les INVITES" se veut être un hymne à l'union entre toutes les communautés algériennes(CHAOUIE, TOUAREGS, KABYLES, CHLEUH, MOZABITES…). C'est aussi une invitation à défendre la culture Berbère et à faire saute les barrières qui se dressent contre son épanouissement :

Bienvenus à vous les hommes du désert ;
La fête nous a enfin réuni dans le hoggar ;
Bienvenus, oh mes frères Touareg ;
Vous les hommes, plein de mystères.

En 1996, MASSA casse le tabou avec une nouvelle chanson intitulée " MA TUFID

 

Lounis Aït Menguellet

 

 

Il est l'un des artistes les plus populaires de la chanson kabyle. Depuis 1967, date de sa première émission de radio à Alger où il interprète Ma trud , à l'invitation de Cherif Kheddam, Lounis Aït Menguellet manie la métaphore pour livrer ses réflexions sur l'Algérie, la culture et la tolérance.

Né en 1950 dans le village d'Ighil Bwammas près de Tizi Ouzou, Lounis Aït Menguellet se trouve à Paris au début des années soixante-dix où il s'est imposé comme l'une des grandes figures de la chanson dans l'émigration.

Il passe une première fois à l'Olympia en 1978, fait le plein au Zénith de Paris, dès 1985, et remplit les stades de Tizi Ouzou, de Béjaïa et la salle Atlas à Alger. L'artiste a longtemps été accompagné d'un seul instrument à corde (mandole et surtout guitare) et d'une percussion (derbouka). Trente cinq après, avec une guitare et des percussions, parfois une flûte et le plus souvent un clavier, il fait l'unanimité de plusieurs générations de fans séduits par le verbe du poète. Lounis Aït Menguellet a enregistré plus de cent cinquante chansons.

 

 

Idir : Une voix d'Or


Auteur d'un des premiers succès world, Idir fait depuis les années 70 figure de représentant de la culture kabyle. Idir, de son vrai nom Hamid Cheriet est né dans un village berbère de Haute-Kabykie, Aït Lahcène en 1949. Ce fils de paysan élevé chez les Jésuites, entreprend des études de géologie et se destine à une carrière dans l'industrie pétrolière. En 73, il remplace une vedette au pied levé sur Radio Alger et interprète une berceuse. Il enregistre ce titre, intitulé "A Vava inouva", en 45 tours avant de partir faire son service militaire.

Cette chanson kabyle avec juste voix et guitare figure comme le premier grand tube venu directement du Maghreb, bien avant le succès d'un Khaled ou d'un Mami. Il représente l'affirmation d'une certaine identité, le retour à des racines ancrées très profondément dans l'histoire de l'Algérie. Il sera traduit dans 7 langues. Après son service, Idir est contacté par la maison de disques Pathé Marconi. Il faut attendre 1976 pour que sorte un premier album sur lequel on retrouve également "I vava inouva". Après un certain succès, Idir écrit à nouveau et enregistre "Ay Arrac Negh" (A nos enfants), un album qui sort en 79.

Parenthèse
Pour cet homme discret avec un look sérieux, il est difficile de se fondre dans le monde du show-biz et s'il aime composer, ce qu'il fait pour d'autres, les passages sur scène ne le satisfont que rarement. En conséquence, il s'éclipse environ une dizaine d'années tout en donnant quand même quelques récitals.

Sa carrière est relancée avec la sortie d'une compilation en 1991 de dix-sept chansons de ses deux premiers albums. Après un long procès contre son ancien producteur, Idir a eu la possibilité de réenregistrer ses titres comme le fameux "A vava inouva". Fort de cet appui discographique, il revient donc sur le devant de la scène et passe au New Morning à Paris du 7 au 9 février 92. Il reste le représentant de la communauté kabyle à qui on reconnaît maintenant un statut de précurseur de la world music.

L'année suivante, paraît chez Blue Silver un nouvel album "les Chasseurs de lumières" où il chante ses thèmes de prédilection, l'amour, le liberté et l'exil (qu'il connaît puisqu'il est installé dans la région parisienne depuis 1975). Il introduit à côté des derbouka, flûte et guitare acoustique, les synthés qui donnent une touche de modernité. On peut entendre aussi la voix d'Alan Stivell sur le duo "Isaltiyen". Idir donne ses chansons à écouter au public de l'Olympia à Paris les 26,27 et 28 juin 93.

Questions d'identité
Homme de conviction, Idir participe souvent à des concerts pour soutenir différentes causes. Le 22 juin 95, plus de 6000 personnes viennent applaudir le chanteur et son ami Khaled, initiateurs de l'association "l'Algérie la vie" qui les ont conviés à un concert pour la paix, la liberté et la tolérance. C'est un triomphe pour les deux artistes qui réunissent à cette occasion les communautés kabyles et arabophones. Idir participe aussi au concert hommage rendu à Matoub Lounes, chanteur kabyle assassiné en 98.

Le retour discographique d'Idir se fait avec "Identités" en 99, album hommage qui réunit de nombreux artistes de Manu Chao à Dan Ar Braz en passant par Maxime Le Forestier ou l'Ecossaise Karen Matheson pour un "A vava inouva 2", mais aussi Gnawa Diffusion, Zebda, Gilles Servat, Geoffrey Oryema et l'ONB. Idir rassemble ici ceux qui prônent l'ouverture culturelle ainsi que la reconnaissance des racines propres à chacun. En décembre, Idir a tout autant d'invités lors des deux soirées qu'il donne à l'Olympia. Autour de lui se succèdent Frédéric Galliano, le guitariste Thierry Robin et l'ONB.